mardi 22 août 2017

X V I I I

C’est délicieux, cette fantaisie, ce droit de divaguer, broder, la légèreté, laissez-moi rêver. 
Aydée, Nassès, Zâdis, Zéphis, Almaïs, Modès, Arabie, Zadig, zéphyrs, turqueries et turcomanie.
Rococo, chinoiseries, jeux d’enfants.

Un peu de Crébillon, quelques phrases, un sofa rose et l’on se perd. Mazulhim, Zulica, Zéïnis, Phéléas. Pagode de Chanteloup, Tente tartare du Désert de Retz.

Voyez cette vogue dix-huitième des petits objets, tabatières, bonbonnières, fanfioles, miniatures, breloques ; ajoutez-y celle des contes de fées et des noms en z, Zaïre, Zéphyr, et ces Zélide et Ziziphile des Bijoux indiscrets ; ajoutez-y encore le zézaiement, une mode : on prononce zoli ou pizeon, Mme du Barry y excellait, c’était un charme de plus avec sa façon enfantine de rire du roi : La France, comme elle l’appelait, La France, ton café fout le camp. 
Encore ce petit zézaiement au guichet de la Conciergerie quand elle dictait la liste des objets enterrés à Louveciennes, les coupes en zaspe sanguin, la boîte en écaille avec un portrait de relizieuze et toutes ces petites chozes d’arzent cachées dans la granze avec les outils de zardinaze. 
Où ai-je lu cette histoire de zézaiement ? 
Et que Law se prononçait Las, Warens Ouaran, et Watteau Ouatteau ?

Marianne Alphant
Ces choses-là

(108-109 et 126, P.O.L, 2013)

Aucun commentaire: