jeudi 17 août 2017

en tiss(ip)ant



C’est bizarre mais, en termes de représentations, je perçois le monde comme tissé en permanence par une espèce d’araignée — d’ailleurs, je l’ai vue à l’œuvre, la tisserande, et j’ai vu le monde comme étant sa création. Le voile de Maya n’est-il pas, pour les brahmanes, tissé (par Kâli) ? Et il y a là-dedans du faux-semblant, du leurre (ou de l’illusion). Nous sommes pris dans la toile. Prisonnier d’elle, en ignorant complètement qu’elle est artificielle, fabriquée (et sans avoir conscience de la tisserande qui se meut furieusement — qui, en permanence, tisse et organise). Considérer l’ensemble (c.-à-d. le monde) comme authentiquement réel, ce serait comme tenir pour réels une image, une émission de télé et le contenu narratif associé. Ça aussi c’est tramé — par un point en déplacement rapide et constant. Et ce que trame le point est fictif.

Philip K. Dick
L’Exégèse
traduit par Hélène Collon
Nouveaux Millénaire/J’ai lu, 2016
(vol. 1, p. 462-463, classeur n° 50 : janvier 1978)


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