lundi 29 décembre 2014

mot d’hauteur


Notre bonne amie est en sueur :
il faut dire que le point de vue
est bigrement élevé !

in Grosse Chaleur
Guillaume Pô, 2014

pour M[arc} D[écimo], même


(Elle a chaud : haut, c’est !)

mercredi 17 décembre 2014

Martin Gale



LE DISCIPLE : Sur le long terme, peut-on
gagner à la roulette, maître ?

LE MAÎTRE : Bien entendu, disciple. Il suffit
de posséder le casino.


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Ed. Nous, « Disparate », MMXIV

mardi 9 décembre 2014

Tiercé nouveau de l’oulhippisme


Lorsque la hulotte ulule : Ou !
Je m’horripile dans mon lit
Puis j’évoque sur mon pipeau

Un Chinois vêtu de pilou
Qui trempe à plus de mille li
Trois poils de martre dans un pot

Et peint sur soie un docte loup
Dont le regard sénestre lit
La formule à changer de peau

Pour mieux voler je ne sais où
Vers un archange mal poli
Méditant les trous d’un drapeau

Tandis que Tintin et Milou
Las de voir le temps faire un pli
Prennent refuge à l’Oulipo.

Albert-Marie Schmidt

in Oulipo. La Littérature potentielle
(Créations Re-créations Récréations)
Idées/Gallimard, n° 289
1973 (p. 15)


vendredi 28 novembre 2014

D. & G.


« Nous avons vu pourtant que la terre ne cesse d’opérer un mouvement de déterritorialisation sur place par lequel elle dépasse tout territoire : elle est déterritorialisante et déterritorialisée. Elle se confond elle-même avec le mouvement de ceux qui quittent en masse leur territoire, langoustes qui se mettent à marcher en file au fond de l’eau, pèlerins ou chevaliers qui chevauchent une ligne de fuite céleste. »




Minuit, coll. « Reprise » 2005 [1991], p. 82
chap. « Géophilosophie »



vendredi 21 novembre 2014

biographème

Cité Falguière, atelier de MontParnasse, Chaïm Soutine qui installait à tremper les Pieds de son lit dans quatre boîtes de conserve remplies d’eau Pour éviter que les Punaises ne grimpassent la nuit pour l’assaillir jusqu’au matelas de son grabat (de misère).

mardi 18 novembre 2014

samedi 1 novembre 2014

Oniromancie


« Si la femme dans une vision accomplit la prière quelle que soit l’heure du jour elle n’aura pas ses règles ce mois-là et risque de tourmenter beaucoup les hommes. C’est signe qu’une grande peur noire va s’abattre sur la région. En tout cas une grande peur dans l’âme aux hommes. Et si la femme pendant qu’elle prie entend des voix lui dire d’endosser une armure et de porter le fer sur l’ennemi elle ferait mieux de rester sur ses gardes. De rester à garder ses bêtes. Elle ferait mieux de se garder des hommes. Les voix sont équivoques et peuvent vouloir la chahuter ou la voir monter sur une pile de bûches. »

Antoine Brea, Roman dormant, Le Quartanier, Montréal (Québec), 2014, p. 52-53


*
*   *
(Explicit le Roman Dormant
Qui est d’or mais par endroits ment.)


dimanche 26 octobre 2014

mac


Le douloureux Charles Baudelaire se complut un moment non sans férocité dans cet état ; accident sans doute par attachement à sa ténébreuse métisse, son idole noire qui avait le secret de lui assurer d’épuisants plaisirs. Jeanne Duval se prostitua à Dijon pour subvenir à leurs besoins communs. Elle n’y prenait aucune peine, il est vrai. Le champ de bataille était dans l’hôtel même où ils étaient descendus et avec la furie d’un sadisme cérébral, Baudelaire l’envoyait au sacrifice en l’adjurant de bien dire les raisons de cet impur holocauste et il prenait un curieux plaisir à obtenir les détails du marché et des échanges. M. Jacques Crépet en a rapporté de croustillants et désolants détails, celui par exemple d’un homme très digne qui, apprenant les mobiles de la prostituée, refuse la consommation en en abandonnant le profit ; Baudelaire n’accepta pas cette sorte d’aumône et poussa la complice à tenir l’engagement souscrit en acceptant les enjeux. Et quel piment de sacrilège quand elle eut pour client un prêtre ! Ce raffinement de péché ravissait l’horticulteur des fleurs maléfiques. Guillaume Apollinaire prit plaisir à le rapporter. Il faut convenir que le poète malade mettait quelque fanfaronnade dans son vice.

René-Louis Doyon, Eloge du maquereau, Serge Safran éditeur
édition établie et présentée par Eric Dussert, 2014 (1re éd. 1949)



jeudi 23 octobre 2014

origine


La Source, ou la Baigneuse à la source
Gustave Courbet
(1862)

« Pour moi, ce corps féminin cristallisait, dans toutes les dimensions de son paraître, et la face, les seins, le ventre livrés à la chute de l'eau, toute une charge d’émotions sentimentales et érotiques restée en suspens sur un point précis de mon passé. »

Claude Louis-Combet, le Nu au transept, L’Atelier contemporain, 2014, p. 11.

Ailleurs

mardi 21 octobre 2014

. . .


1986 (O NVIII), 272 pages, 89 FF

_____________________________

« Il a certainement mis plus de curiosité à le scruter à la loupe ces jours derniers sur le papier qu’à l'observer aujourd’hui en grandeur naturelle sur le terrain. »


jeudi 9 octobre 2014

vendredi 3 octobre 2014

J.-J. P.


Libération, « Livres », jeudi 6 décembre 1990

Ailleurs

dimanche 21 septembre 2014

Ne disons jamais... Disons toujours...


Joseph Poitevin
Parlons français et Ecrivons en français
Petit manuel familier de la correction du langage
(Albin Michel, 1929)

dimanche 14 septembre 2014

samedi 13 septembre 2014

mercredi 10 septembre 2014

fêtes & rubans


Ce n’est pas seulement cette énorme erreur de perspective (ou le refoulement inconscient, ou la décision prise d’effacer de sa vision une perspective qu’il rejetait) qui rendit Fourier inapplicable. Une anxieuse volonté d’explorer dans sa totalité l’univers envahit ses œuvres confuses, à la structure labyrinthique, dont les subdivisions complexes donnent naissance à une concrétion proliférante de préfaces, d’intermèdes et de conclusions, définis par une terminologie d’une inépuisable richesse, telle que : Prolégomènes, Préambule, Intermède, Cislégomènes, Extraduction, Arrière-Propos, sans compter les divers Antienne, Cis-Médiante, Trans-Médiante, Intrapause, Cis-Lude, Ulter-pause, Ultralogue, Ultienne, Postienne, Postambule, etc. A cela s’ajoutent répertoires et tableaux synoptiques disposés suivant une numérotation particulière, où les chiffres alternent avec des signes graphiques spéciaux destinés à indiquer le pivot ou centre de la Série (d’où partent les deux ailes et les deux ailerons, ascendants et descendants) et l’ambigu, ou point de transition entre deux Séries, disposition qui peut même correspondre à une échelle musicale, avec ses accords en majeur et mineur. Or ces bizarreries formelles sont en parfaite cohérence avec le flux des raisonnements qui déborde en tous sens, parmi les renvois continuels à une œuvre future où les choses fondamentales seraient enfin dites.
Qu’est-ce qui distingue donc cette œuvre des innombrables paperasses de graphomanes fous, fondateurs de systèmes universels qui continuent à s’entasser dans les bureaux des éditeurs et des revues, de ces œuvres de philosophes incompris et cosmologues du dimanche que Raymond Queneau (grand lecteur de Fourier, d’ailleurs) s’était proposé, dans sa jeunesse, de recenser en dépouillant les catalogues de la Bibliothèque nationale ?
Plus encore que la vision d’une société vouée aux fêtes et aux cortèges, aux costumes ornés de plumes et de rubans, se défiant dans des guerres gastronomiques et galantes, domestiquant les zèbres et les autruches, ce sont les prophéties cosmologiques qui ont chez Fourier excité les railleurs : l’aurore boréale devenue perpétuelle et adoucissant le climat de toute la planète ; la mer acquérant un goût de limonade ; la lune, détruite depuis longtemps par les miasmes terrestres, remplacée par cinq lunes plus petites ; des animaux utiles à l’homme – l’anti-lion, l’anti-baleine, l’anti-crocodile – prenant la place des plus épouvantables bêtes sauvages.

Italo Calvino
La Machine Littérature (Seuil, 1984)
« Pour Fourier » (p. 171 à 208)

lundi 1 septembre 2014

Amer #6


septembre 2014

MONSTRE VEGETAL
écologie de l’imaginaire

VI / passe-moi par-dessus tous les bords 
(dos)

Il faut que tout meure ou que tout change.
On est à l’automne du monde. La végétation des âmes est interrompue et l’hiver approche avec toutes les épouvantes.

vivant en guerre
mort en paix
(quatrième)

Sixième floraison

truffée

d’horrifiantes glaçantes photographies de gueules cassées — ou serait-ce l’effet de la Syphilis ? fleur malade et vénéneuse — pour saborder le centenaire de la Première Boucherie mondiale (première fois qu’un conflit touche le monde en son entier — mais nous ferons mieux), où les bouches sont des trous informes ;
d’un cahier de vingt-trois photographies — Ni fleurs ni couronnes, tatouages & scarifications — en couleur (tendance rouge), autoportraits  risqués de Marie L. ;
d’un extrait de la lettre (« une œuvre sans censure, crue, brute et monstrueuse ») publiée par les éditions de la Contre-Allée de la Tchèque Jana Cerna à Egon Bondy, intitulée Pas dans le cul ce soir (qui mérite beaucoup mieux que son titre) ; 

un acte de sauvagerie tendre qui s’accompagne de (très) longs entretiens (avec Benjamin Hennot, Anna d’Annunzio et Lilith Jaywalker) ;

soit trois cent vingt pages, je cite, « sous la pression des gaz qui se forment à l’intérieur du cadavre »... 

vendredi 22 août 2014

32


Tristan Félix : Comment les dentellières en arrivent-elles à perdre leurs dents ?
Philippe Jaffeux : L’hypothèse la plus probable est que nos dents deviendraient inutiles lorsque nous en découpons d’autres dans du tissu. II est aussi possible que l’apparition des pernicieux métiers à tisser à 32 fuseaux ainsi que celle des dentelles à 32 points a eu un effet défavorable sur la dentition des dentellières. Notre destin est imaginé par des nombres qui sont les seuls à pouvoir maîtriser le cours du temps. Si 32 est le chiffre du jeu (cartes, pièces d’un échiquier et celles d’un ballon de football), ce nombre représente aussi la moitié des hexagrammes du Yi-King. A ce propos, des surfaces textiles composées de vides et de pleins ont peut-être pu avoir une incidence sur la cavité buccale des dentellières. En attendant, nos paroles sont cousues à des nombres divins afin d’aiguiller la trame d’un alphabet précis.

mardi 19 août 2014

NaCl


 — incipit, é.o. 1955 [p. 11] —

mercredi 13 août 2014

le Jeu des 7 différences

I
Le premier est de la peinture
le second, de la photographie

II
Le premier est en couleurs
Le second, en noir et blanc.

III
Le premier mesure 98 cm sur 1 m 60
Je suppose la seconde prise en 24 x 36 (mm)

IV
Le premier, hurluberlu à moustaches et esbroufe,
ne coûtait qu'une pièce de 10 F
Le second aimait à prendre les femmes nues étendues
sur une dune de sable

V
1 : quasi aérien
2 : aquatique

VI
Un titre baroque, une abstraction pour mon premier
L’épure de la simple nature pour mon second

VII
— Quelle est la septième ?

dimanche 10 août 2014

la rencontre fortuite sur une table de dissection


Le prince Charles épouse la duchesse de Bourgogne 
Georges Mathieu (1957)


Marais, Camargue
Lucien Clergue (1971)

lundi 28 juillet 2014

SALAMANDRES, NOS FRERES


page 249, in



La Guerre des salamandres (1935), de Karel Čapek (1890-1938), traduit du tchèque par Claudia Ancelot, roman mêlant la fantaisie la plus débridée, le roman d’anticipation, l’essai de cryptozoologie, la fable la plus cruelle – à classer entre l’Amérique et 1984 –, dans un style – un brio – qu’agrémentent les nombreuses tentatives de restitutions typographiques (lettres, contrats, affiches, articles de presse, plaques en émail…) que proposent magnifiquement les éditions
C
am
bou
rakis
____________________
384 pages, 2012 (11 euros)


mardi 22 juillet 2014

mardi 1 juillet 2014

capitales (quatre)



On ne doit pas mettre de capitale sur le mot « capitale » dans la phrase : « Paris est la capitale de la France. »



vendredi 20 juin 2014

du propre


caravagesque hugolâtre
marivaudesque roussellâtre
moliéresque beylâtre
chaplinesque jaclacanâtre

homérique confucéen
saphique freudien
maoïste flaubertien
michelangélesque derridéen

camusien rousseauiste
sartrien dantesque
barthésien ubuesque
pingetien kafkaïen

sadien mozartien 
sadique borgésien
masochiste joycien
bonapartiste napoléonien

rimbaldesque pongien
rimbaldien rabelaisien
gaulliste malrucien
gaullien balzacien

chrétien christique
shakespearien robespierriste
hégélien nietzschéen
machiavélique mallarméen

samedi 14 juin 2014

Rien ne se crée...

[…]

bref blanqui était en septembre 1871 le seul locataire du fort du taureau on lui avait signifié qu’il lui était interdit de regarder la mer et les sentinelles avaient ordre de tirer dans les fenêtres de son cachot s’il s’approchait des barreaux […] c’est au fort du taureau qu’il a écrit à soixante-six ans L’Éternité par les astres qui exerça sur walter benjamin comme une fascination et dont j’extrais ceci 

[…]

Voici néanmoins un grand défaut : il n’y a pas de progrès. Hélas ! non, ce sont des rééditions vulgaires, des redites. Tels les exemplaires des mondes passés, tels ceux des mondes futurs. Seul le chapitre des bifurcations reste ouvert à l’espérance.


 Seul le chapitre des bifurcations reste ouvert à l’espérance.

[…]


in (p. 278-279)
Comme un fracas. Une chronique.
Jacques-Henri Michot

Al Dante, 2009

vendredi 13 juin 2014

dimanche 8 juin 2014

In vivo


1960. Chronique d’une année exemplaire



vendredi 6 juin 2014

contes fantastiques


Charles de Sivry, les Mauvais Sous
précédé de « Un être très nuisible », présentation de Ian Geay
juin 2014, couverture à rabat, 144 p.


mercredi 21 mai 2014

le Chevalier des Touches


Je ne tiens pas beaucoup […] à la plaisanterie sur mon nom « crotté comme un barbet », d’autant que cette plaisanterie est à côté : Je suis barbey (poisson) et non barbet (chien). Je porte d’azur à deux barbeaux ou barbeys (en patois normand), écaillés d’argent (armes parlantes).

 Jules Barbey d’Aurevilly



lundi 12 mai 2014

14-18

commémoration

Bien sûr celle de l’an quarante ne m’a pas tout à fait déçu
Elle fut longue et massacrante et je ne crache pas dessus
Mais à mon sens elle ne vaut guère, guère plus qu’un premier accessit

Moi mon colon celle que je préfère, c’est la guerre de quatorze dix-huit !


Moi mon colon celle que je préfère, c’est la guerre de quatorze dix-huit !

Georges Brassens
(in Les Trompettes de la renommée, 1962)

samedi 10 mai 2014

lundi 5 mai 2014

plaquette

— de pharmacie


(2 x 10)

— ou de poésie






samedi 26 avril 2014

Érik Satyre (non pas jactati)



Mon o(n)cle


• L’Enfance de Ko-quo (recommandations maternelles)
— 1. Ne bois pas ton chocolat avec les doigts.
• L’Enfance de Ko-quo (recommandations maternelles)
— 2. Ne souffle pas dans tes oreilles.
• L’Enfance de Ko-quo (recommandations maternelles)
— 3. Ne mets pas ta tête sous ton bras.

*   *   * 

« Se mettre à plat ventre, c’est bien. Toutefois cette position est incommode pour lécher la main de celui qui vous donne des coups de pied dans le derrière. »
É. Satie


cOcO sOurce (16 avril 2014) & —mmentaire

vendredi 25 avril 2014

stendhalien



Le Rouge



Si j’emploie la formule :

« le mot “amour ” a fait couler beaucoup d’encre »,

je n’en oublie pas pour autant cette autre :

« le mot “ couteau ” n’a jamais fait couler la moindre goutte de    
       sang ».



& le Noir

vendredi 18 avril 2014

Tu perdras le sommeil au fur que tu perdras la vue...


3e trimestre 1966, 168 p.



1er trimestre 1976, 192 p.
(avec une préface de Philippe Sollers et une postface, « Braille-art »,  de Jean-Noël Vuarnet)



janvier 1997, 172 p.
(édition en sept couleurs)

vendredi 11 avril 2014

vendredi 4 avril 2014

aux bains (de mer)


« Là, en faisant saler l’eau de sa baignoire et en y mêlant, suivant la formule du Codex, du sulfate de soude, de l’hydrochlorate de magnésie et de chaux ; en tirant d’une boîte soigneusement fermée par un pas de vis, une pelote de ficelle ou un tout petit morceau de câble qu’on est allé exprès chercher dans l’une de ces grandes corderies dont les vastes magasins et les sous-sols soufflent des odeurs de marée et de port ; en aspirant ces parfums que doit conserver encore cette ficelle ou ce bout de câble ; en consultant une exacte photographie du casino et en lisant ardemment le guide Joanne décrivant les beautés de la plage où l’on veut être ; en se laissant enfin bercer par les vagues que soulève, dans la baignoire, le remous des bateaux-mouches rasant le ponton des bains ; en écoutant enfin les plaintes du vent engouffré sous les arches et le bruit sourd des omnibus roulant, à deux pas, au-dessus de vous, sur le pont Royal, l’illusion de la mer est indéniable, impérieuse, sûre.
« Le tout est de savoir s’y prendre, de savoir concentrer son esprit sur un seul point, de savoir s’abstraire suffisamment pour amener l’hallucination et pouvoir substituer le rêve de la réalité à la réalité même.
« Au reste, l’artifice paraissait à des Esseintes la marque distinctive du génie de l’homme. »

J.-K. Huysmans
À rebours