jeudi 31 janvier 2008

« Baiser badin qui babille au tétin. »

Mais qu’au lieu de rêver, on secoue l’automate : la mécanique craque, syntaxe, se désaxe, on entend les rouages. Qu’à la façon du « damier » recroisant les traits figuratifs, on redouble l’arbitraire en retournant les mots contre eux-mêmes ; la langue crache aussitôt une violence cachée qui la fait s’étrangler. Devant quoi étrangère ? Le sexe désigné tout cru, sans clin d’œil ni sous-entendus. Je n’avance pas une hypothèse ; c’est le résultat de l’expérience menée par Jean-Pierre Brisset dans les Origines humaines (1913).

Jacques Demarcq (1946-20..)
Rimbaud fois neuf (X 9), Voixéditions, coll. « Voix contraires »
(Elne, 2005, p. 88).

mercredi 30 janvier 2008

" Signéponge "

(Le Rallye des Poissons.)

Comme — mille tronçons de rail sous la locomotive — mille barres ou signes de l’alphabet morse télégraphique — mille tirets en creux sur la partition de l’orgue mécanique — les poissons se succèdent et fuient — d’une succession immédiate — choses qui ne sont pas à exprimer car elles sont à elles-mêmes leurs signes — étant choses si schématiques et choses qui ne s’arrêtent point…
Mais…

Francis Ponge (Montpellier 1899 – Le Bar-sur-Loup 1988)
« Ébauche d’un poisson » (1947), in le Grand Recueil, tome III, « Pièces »

mardi 29 janvier 2008

" Opium + Cocaine + Héroine "

Une petite petite dans l’obscurité d’un petit lit lit met au bout des dents un redoublement. Bibibibibitititimoumoumoumoumoumouiiiiiii.
Ton petit sourire, ta petite peau, ta petite présence au creux de ma main, iiiiiiiiii, ta petite fraîcheur. Tes petits doigts, ton petit ventre, lisse, lisse, lisse, isse, isse, isse, glisse, miss, pisse. Ton petit nez, tes petits trous de nez, tes petites oreilles, tes petits trous d’oreille, ton petit nombril, ton petit trou de nombril. Tu dis des gouttes d’eau. Étui de ma verge. S’insinue, s’insinue, s’insinue. Nue, nue, nue.

Jacques Rigaut (30 déc. 1898 - 6 nov. 1929)
« Décor femelle », in « Textes de jeunesse et inédits »
Écrits

lundi 28 janvier 2008

" Il n'y a pas d'1 plus vrai qu'un 2 qui fait un 3. "

5 — Ceux qui sont rompus aux rudiments de la syntaxe soustractive, comme on l’espère en l’occasion, savent ce que Deux veut ici exactement dire : non pas une paire d’étants, comme par exemples deux pantoufles, mais un État, l’état même de toute situation. Donc : quelque chose de sa structure ontologique.

Mehdi Belhaj Kacem (1973- 20..)
Manifeste antiscolastique, « L’esprit du nihilisme », 2 (Nous éd., 2007)

dimanche 27 janvier 2008

« J'en ai ma claque de Jacques Lacan. »

Vous savez que quand je pose les questions, c’est que j'ai la réponse. Mais enfin ça voudrait tout de même mieux que ce soit la bonne réponse. J’appelle symptôme « ce qui vient du réel ». Ça veut dire que ça se présente comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu’à se mettre du sens sous la dent. Alors de deux choses l’une : ou ça le fait proliférer (« Croissez et multipliez-vous », a dit le Seigneur, ce qui est quand même quelque chose d’un peu fort, qui devrait nous faire tiquer, cet emploi du terme « multiplication » : lui, le Seigneur, sait quand même ce que c’est qu’une multiplication, ce n’est pas ce foisonnement du petit poisson) — ou bien alors, il en crève.

Jacques Lacan (1901-1981)
« La troisième », Rome, 1974

samedi 26 janvier 2008

« Presque tout son livre se passe à Béthune. »

« Jacques leur présenta un papier, où il avait tracé le schéma de la réclame. Un grand titre LE MONDE EXTRA-LUCIDE, puis en lettres encore plus hautes : LA PATE ANTI-BUEE ; enfin une phrase dessinée en écriture cursive : Le monde vous regarde avec ses lumières.»

André Dhôtel (1900-1991)
Nulle part (1943)